Comics et séries : du papier au petit écran, vers un nouvel âge d’or ?

Posté le 21 avril 2014 par

Depuis quelques mois, pas une semaine ne se passe sans qu’un nouveau projet de série télé adaptée de comics ne semble émerger. Petit point sur un phénomène pas aussi récent qu’il n’en a l’air.

Depuis les succès de X-Men et Spider-Man au début des années 2000 et jusqu’au rouleau-compresseur Avengers en 2013, Hollywood ne semble jurer que par les adaptations de comics au cinéma. Et pourtant, si les blockbusters super-héroïques sont toujours aussi attendus, certaines des annonces récentes les plus alléchantes en matière d’adaptation ne concernent pas le grand écran. Gotham, Flash, Daredevil, Preacher ou DMZ font en effet autant saliver les fans que Les Gardiens de la Galaxie ou la suite de Man of Steel.

La raison en est simple : la narration même des comics est plus proche de celle des séries que du cinéma. Basée sur une publication régulière (environ 20 planches mensuelles pour les comics, 40 minutes pour les séries) et une structure feuilletonante, le mode de production des deux médias est suffisamment proche pour une adaptation facile, fidèle et efficace. Le ciblage est même assez commun : le mainstream est dominé par une codification stricte et prude interdisant nudité et d’insultes chez les networks comme chez Marvel et DC Comics, alors que le câble et les éditeurs indépendants (ainsi que les lignes spécifiques chez les deux géants : Vertigo chez DC, Max chez Marvel et leurs labels creator-owned) jouissent d’une liberté totale. On pourrait poursuivre ainsi très longuement la comparaison entre l’industrie des séries TV et des comics et énumérer leurs points communs dans la production, mais cet aperçu suffit pour comprendre leur proximité et l’attente que suscite cette avalanche de projet.

Et pourtant, si les majors ont compris l’essence des comics et comblent grand public et amateurs, les networks ont encore toute leurs preuves à faire en matière d’adaptation. Par manque de sérieux ou de moyens, rares sont les exemples de versions télévisuelles réussies de comics qui viennent en tête. Petit rappel historique avant de présenter l’intérêt des projets commandés.

Du Golden Age au Pop Art : kitch power !

Superman 1948

Dès leur création, les super-héros s’invitent dans des serials (l’ancêtre des séries composé de programmes courts diffusés dans les cinémas sous forme de feuilleton d’une quinzaine d’épisode, à suivre d’une semaine sur l’autre) qui participent et témoignent de leur popularité : Superman vole ainsi des cases dessinés au grand écran en 1948 avant de connaitre une série animée très populaire des Studio Fleischer en 1952. Batman combat les japonais dans son serial en 15 chapitres dès 1943. Ces visons naïves du Golden Age permettent de créer un premier pont historique entre le média papier et télévisuel, que va à sa façon actualiser les années 60, qui marque le retour en force des super-héros dans l’industrie des comics.

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C’est la version de Batman de 1966 qui participe au renouveau télévisuel des adaptations de comics et définit la marche à suivre pour les années à venir : couleurs criardes, second dégrée et ironie constante. Le show déclenche une véritable batmania et demeure une bulle fun et pop, témoignage des excès kitchs des swinging sixties, mais on a du mal à y reconnaitre le personnage torturé et obsédé par la mort de ses parents inventé par Bob Kane. De ce moule, naitra dans les années 70 Wonder Woman avec Linda Carter ou L’Incroyable Hulk qui durera de 1977 à 1982. Sans être honteuses, ces adaptations cantonnent les séries de comics à des objets un peu ridicules, réalisés sans véritables moyens, et surtout s’inspirant de très loin de son matériel d’origine.

Les comics s’animent

Autre axe majeur des adaptations de comics à la télévision : les séries animées. Dès le succès de Spider-Man en 1967, il semble évident que le jeune public est plus réceptif aux aventures animés des super-héros qu’à leurs versions papiers, ce qui arrange également bien les fabricants de jouets. Dans les années 90, ce sont cependant bien les séries d’animation qui vont se montrer le plus fidèles à leur source d’inspiration. Les X-Men de 1992 annoncent de bien des manières le futur travail de Brian Singer, Todd MacFarlane réussit un Spawn sur HBO alors qu’il avait complétement raté la transposition de son personnage au cinéma, et la série animé Batman de Bruce Timm est considérée à juste titre comme l’une des meilleure adaptations des aventures du chevalier noir.

Batman anime

Il faut dire que le Batman de Tim Burton est entre temps passé par là, entrainant une nouvelle vague d’adaptation, plus ou moins réussie de la part de DC Comics, comme Lois et Clark, les nouvelles aventures de Superman ou Flash. Deux exemples encore symptomatiques du manque de sérieux des networks dans leur adaptation. Ayant peu de considération pour son matériel de base, Loïs et Clark séduit le grand public mais ne convainc pas les fans, alors que le manque de moyen pousse Barry Allen à abandonner son costume rouge écarlate après une unique saison. Au début des années 2000, alors que les comics commencent à envahir Hollywood, c’est toujours le calme plat à la télévision.

L’Après Heroes : mauvais départ

Paradoxalement, ce n’est pas une adaptation de comics qui va attirer l’attention des chaînes sur les comics en 2006, mais une création originale de NBC : Heroes. La série de Tim Kring montre qu’il est possible de montrer des super-héros crédibles à la télévision, sans pour autant avoir le budget d’un blockbuster. Et pourtant, rien ne se passe. À part Smallville, qui exacerbe les défauts de Lois et Clark, toutes les tentatives d’adaptation se soldent par des échecs : Wonder Woman ne dépasse pas le stade du pilote (et la malédiction continue puisque CW a abandonné son projet Amazon), alors que l’on a déjà oublié Mutant X, Blade, ou autre Human Target.

Le nouvel âge d’or

Le salut va venir d’une production assez inattendue : en 2010, AMC adapte un comics de zombie signé Robert Kirkman, édité chez Image, avec un succès fulgurant. Walking Dead a beau essuyer les critiques, il donne le ton et définie une nouvelle manière d’adapter les comics, en prenant très au sérieux son matériel d’origine, en impliquant son scénariste et en créant des ponts entre la série et le comics. DC et Marvel se lancent alors dans l’arène. Le premier lançant un Arrow sous influence du Batman de Nolan, alors que La maison des idées surfe sur le succès des Avengers en développant son univers partagé avec Agents of S.H.I.EL.D..

SHIELD-cast1

Si aucune de ces trois séries n’est parfaite, elles témoignent chacune à sa façon d’une nouvelle orientation des chaines travaillant enfin main dans la main avec les éditeurs et auteurs de comics et se positionnent en tête de file d’un mouvement peinant à prendre forme depuis 60 ans, mais qui s’apprête à devenir la forme majeure des séries de la décennie qui arrive.

Tour d’horizon de 10 séries à venir.

10 supers-héros cultes à la télévision.

Victor Lopez.

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